Alors que le mois de juin bat son plein et qu’il devrait être surchargé comme tous les ans, chez nous cette année, le mois de juin est calme, très calme. Certes, nous continuons à changer régulièrement de maison, à faire des visites quotidiennes, à rencontrer du monde… mais tout cela se fait au rythme lao.
Le Lao est zen, il prend son temps, il ne s’énerve pas… un vrai Grimonpont quoi !
Et force est de constater que nous nous mettons dans ce rythme… A Vientiane, nous avions déjà commencé à prendre nous poser. Nos seules sorties ont consisté à aller se faire faire des massages, aller chez le coiffeur et dîner à l’extérieur…
Depuis, nous sommes allés découvrir le plateau des Bolaven avec ses cascades, ses villages et la famille Pho (merci aux 5sacodos, grâce à qui nous avons trouvé l’adresse!!)…Au-delà des cascades, du bain des éléphants et des paysages superbes, nous avons plongé au coeur du Laos authentique… Le plateau des Bolaven est une région d’agriculture assez préservée du tourisme. Mr Pho et sa femme ont 8 enfants dont 5 ont été adoptés après avoir perdu leurs parents. Tout ce monde-là cohabite de façon moins bruyante que nos 4 enfants… Et le soir, dîner familial, tout le monde prépare le dîner ensemble, sous les ordres de la famille Pho. C’est joyeux, sympa, convivial avec un délicieux air de chez soi… Au lieu des deux nuits prévues, nous décidons d’ailleurs d’y rester trois, d'autant que Thaïs a une bonne fièvre… ce qui nous permet de passer plus de temps avec Mr Pho pour échanger sur nos modes de vie, sur l’éducation, sur sa vie… nous nous séparerons d’ailleurs avec une certaine émotion…
La journée supplémentaire nous permet d’aller nous promener à pied avec deux des fils de la maison comme guides. Nous traversons un autre village, dans lequel nous ferons un échange assez fort à nouveau. Un homme nous interpelle pour savoir si nous avons des médicaments, il nous montre sa main, et raconte à nos accompagnateurs qu’il s’est brûlé. La blessure n’est pas énorme mais elle est moche (on ne se soigne pas chez les animistes, on utilise les plantes, les gourous et les sacrifices…) Grâce à mon pharmacien préféré, j’ai un stock de lingettes nettoyantes et désinfectantes ainsi que des sachets de pommade cicatrisante. Nous lui donnons donc notre petit stock, contents d’être utiles, le coeur serré de se dire que c’est sans doute trop peu pour le soigner réellement… De son côté, la famille est touchée et nous offre en remerciement une courge et un melon locaux. Ils pèseront lourd dans nos sacs mais allègent notre coeur, le moment est intense et restera gravé… La suite de la balade se passe au milieu des rizières, sous la pluie, dans la gadoue qui colle à nos chaussures (nous avions consciencieusement pris nos baskets, mais les tongs sous la pluie sont encore le meilleur équipement!).
Après un passage au temple du Wat Phu, nous arrivons sur les 4000 îles (un endroit du Mékong qui se transforme en delta et crée de nombreuses îles sauvages et dont le nombre évolue au gré du niveau du Mékong!) grâce à MrPho toujours qui finalement nous aura emmenés jusqu’au bout et nous laisse entre les mains de son ami Mr Phao. L’accueil est très amical, le logement très… spartiate ! Mais way of life oblige, nos bungalows sont face au Mékong, équipés de hamacs… Nous découvrirons les îles à vélo, à pied et en bateau… C’est calme, reposant et serein (sauf l’humeur des enfants qui est explosive pour certains et met nos nerfs à rude épreuve…). Nous atteignons la limite de notre patience quand notre dîner et notre petit-déjeuner mettent 1h à arriver… ne sommes pas encore complètement laos et iront prendre nos autres repas ailleurs !
Nous terminerons notre périple lao avec un passage de frontière épique : le lieu est réputé pour son racket organisé, mais le Laos c’est ça aussi : nous avons même une réduction familiale sur le tarif du racket !! Nous abandonnons notre « médiateur » sensé nous aider à passer la frontière, qui se prend allègrement sa commission, devant son refus de nous faire un family price, nous nous débrouillons tous seuls pour la suite, sous des menaces de lourdes difficultés à venir… en fait tout se passe bien et nous gagnons quelques dollars de plus !
Au bilan de la quinzaine laotiennes :
- 1 bus de nuit
- Plusieurs trajets en pirogue
- 1 slow boat
- Des heures de songthaews
- une sandale perdue (on progresse sur les objets perdus!!) mais retrouvée dans le linge sale après la frontière
- 2 balades en vélo
- 1 balade en bateau-bus
- Le Mékong comme fil conducteur : on entre par le Mékong, on sort par le Mékong
- Les ponchos de pluie sont désormais systématiquement de sortie
- Des rencontres fortes
- Le sentiment d’être millionnaire à chaque fois qu’on passe au distributeur (1€ = 10000 kips)
- L’entrée dans la vie des habitants
- Des dizaines de Sabadee joyeux par jour
- 2 malades
- 1 paquet de livres déposé pour une école
- une rencontre avec une chouette association
- les laotiens ont démarré leurs vacances au moment de notre arrivée !
- un appareil photo perdu pendant 24h mais retrouvé !
Au Laos, nous sommes entrés pleinement dans notre voyage.
Nous sommes un peu tristes de quitter ce pays attachant. Les rencontres que nous y avons faites sont gravées dans nos mémoires, la famille Pho en particulier.
Du côté des enfants, on sent une certaine fatigue s’installer, les émotions, les visites, les rencontres, la vie communautaire 24/24, les lits partagés, les réveils matinaux, les carnets de voyage à rédiger… alors nous avons décidé de nous accorder une pause paradisiaque. Après Siem Reap, nous sommes sur une île au Cambodge en vacances, sans objectif….